mercredi 29 février 2012

"Chronicle" - Super héros sans collants

Critique cinéma

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L'adolescence est toujours un thème délicat à aborder au cinéma. Il faut saluer la performance quand cet âge lié aux transformations du corps et de la conscience est parfaitement maîtrisé sur grand écran. "Chronicle" est l'histoire de trois adolescents confrontés à un changement particulièrement radical leurs vies: ils acquièrent des super pouvoirs.

Les films de super héros, presque tous tirés de la bande dessinée et principalement signés Marvel, ne se préoccupent guère de la "réalité" des faits, le trait est grossier et on est plongé dans le fantastique qui sied très bien au 7e Art. Ce que "Chronicle" a de dérangeant est cette exploration du mal-être adolescent, un thème rarement ou mal abordé dans le genre.

Malheureusement, le choix de réalisation à la mode consistant à monter des séquences de faux reportages vidéos dessert ici la cause d'un film au scénario assez pauvre. On ne compte plus les films et séries qui martèlent ce choix de réalisation à en devenir franchement lourdingue: "The River" la série, "7 Nights of Darkness" récemment, "The Blair Witch Project" évidemment, etc. "Chronicle" comporte de brillantes idées, des scènes mémorables, des angles de prise de vue et des effets spéciaux magnifiques, mais il lui manque une certaine dose d'émotion. 

Les personnages sont à peine construits et la B.O. inexistante pèse comme un âne mort tout au long du film. Le film dure 1h23 et laisse sur sa faim. Rajouter quelques minutes pour mieux construire les personnages n'aurait pas été de trop Messieurs les producteurs. Il y a de l'idée dans ce film. C'est à voir, absolument. C'est le type de film qui peut soit devenir culte et générer des suites et autres copies, soit tomber dans l'oubli de ses erreurs. 

Note IMDb: 7.5/10 (près de 20'000 avis)
Note Allociné (presse & spectateurs): 3.5/5 (plus de 1'600 avis)

La bande annonce qui en dit trop:

lundi 27 février 2012

La dernière folie de "The Artist"

"The Artist" encore et toujours... Grand vainqueur des 84e Oscars, le film muet est devenu le premier film français à recevoir autant de déclarations d'amour chez l'Oncle Sam. Premier Oscar pour un acteur français et 5 en tout sur 10 nominations, chapeau les artistes. Seul Polanski avait pu obtenir un oscar de meilleur réalisateur pour "The Pianist".

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"La dernière folie de Mel Brooks" ou "Silent Movie" n'avait pas eu droit à autant de louanges de la profession après sa sortie en 1976, ni même aujourd'hui, alors qu'il parait que le tout Hollywood adoooore les films muets. J'ai pourtant du mal à imaginer que Langmann et Hazanavicius (qui est paraît-il cinévore) n'aient jamais pensé au film de Mel Brooks. Pas un hommage, pas une référence. Apparemment "The Artist" a inventé le concept 35 ans après "La dernière folie de Mel Brooks".

Les récompenses obtenues aux oscars par Jean Dujardin et Michel Hazanavicius sont méritées et une excellente nouvelle pour le cinéma français. C'est dommage qu'autant de monde - critiques, journalistes et héros des nominations - souffre aujourd'hui de la maladie d'Alzheimer. À croire que ce qui se passe en politique n'est pas si différent de ce qui se passe dans les rouages de la grosse machine du cinéma. Quand j'étais gamin, "La dernière folie de Mel Brooks" m'a beaucoup marqué, surpris et dérangé. Je me rappelle aussi à quel point la profession l'avait boudé alors que son succès en salles était indéniable. 

Rappelons dans ce concert de cocoricos amnésiques que "Hugo", mon préféré, raffle aussi 5 récompenses (environ 25 en tout jusque-là), mais dans les domaines techniques: meilleur montage son, meilleur son, meilleure technique, meilleure direction artistique et meilleurs effets spéciaux.

Je voulais simplement rendre un petit hommage à Mel Brooks (et à l'inoubliable Marty Feldman), tout en me réjouissant de la récompense obtenue par Jean Dujardin, qui est un immense acteur comique.

dimanche 26 février 2012

"Hugo" - Just magnifique

Critique cinéma

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Demain dans la nuit du 26 février 2012, s'ouvre la 84e cérémonie des oscars avec, espérons-le, une belle surprise pour le film "Hugo" (Hugo Cabret sur les affiches françaises) de Martin Scorsese. Si un film mérite bien d'être apprécié en 3D c'est ce Hugo qui nous fait voyager dans les rouages des horloges de la Gare Montparnasse de l'après Grande Guerre. Le début de notre décennie voit les films en 3D arriver dans tous les sens sur nos écrans devenus numériques et il est curieux de constater qu'avec cette importante révolution du cinéma (le numérique hein, pas la 3D) viennent des films pour nous rappeler les héros de la conquête des rêves (avec des chienchiens cromeugnons pour enfoncer le clou).

Aux oscars, Hugo (3 chienchiens) se battra principalement face à The Artist (Uggie tout seul). Deux films qui revisitent le cinéma d'antan, avec 11 nominations pour le film de Martin Scorsese contre 10 pour le film de Michel Hazanavicius qui vient de triompher aux césars. Très honnêtement, The Artist est un bon moment de cinéma. Mais rien à voir avec ce petit chef d'oeuvre de complications qu'est Hugo. Un conte inspiré de l'oeuvre de Brian Selznick certes, mais une pure réussite dans tous les domaines. Si j'ai trouvé The Artist un peu léger au niveau du scénario et du jeu d'acteurs, hugo est un enchantement à côté. Le jeune Asa Butterfield est convaincant et émouvant avec ses beaux yeux bleus. Donner un second rôle difficile à Sacha Baron Cohen est du pur génie. Puis, il fallait l'immense Ben Kingsley pour tenir cette troupe de saltimbanques à mi-chemin dans le monde d'Amélie Poulain et dans l'univers steampunk de Caro et Jeunet.

On attribue volontiers l'invention du cinéma aux frères Lumière et à l'année 1895, marquée par deux évènements ferroviaires qui ont imprimé les mémoires durant très longtemps: "L'arrivée d'un train en gare de La Ciotat" et la photo d'une locomotive traversant la gare Montparnasse que l'on trouve toujours dans les étals à touristes parisiens de nos jours. Ce ne sont là que quelques références parmi tant d'autres dans un film extrêmement riche au niveau de la photo, de l'image, des décors (avec d'impressionnantes affiches), du son et de la musique distillée avec le plus grand soin. 11 nominations amplement méritées aux oscars, en espérant que le film "Hugo" remporte des statuettes à la pelle. 

Note IMDb: 8.1/10 (plus de 37'000 votes)

Bande annonce:

mercredi 22 février 2012

"In Time" - Le temps c'est précieux

Critique de film

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"J'ai pas le temps" c'était le thème de Prison Break en VF, mais c'est aussi le problème de Will Salas, alias Justin Timberlake, qui poursuit une carrière cinématographique moyennement convaincante, dans le film écrit, produit et réalisé par Andrew Niccol "In Time". On attendait un peu plus consistant de la part de l'auteur de Gattaca et du Truman Show, qui ne laisse guère de surprise au spectateur entrainé dans une poursuite à la Bonnie & Clyde des temps futurs où les êtres humains sont devenus des moutons accros au temps.

Remplacez les crédits de temps par des dollars et le scénario montre ses faiblesses et ses lacunes à en devenir d'une affligeante banalité. On appréciera l'atmosphère décalée de cette dystopie un peu fade et des acteurs et actrices super sexy, c'est à peu près tout. Le maquillage grossier de la jolie poupée Amanda Seyfried, les costumes d'une consternante banalité, les erreurs de montage et la pauvreté des décors n'apportent pas beaucoup de soutien à ce futur dénué de gadgets technologiques qui pourrait être un futur imaginé dans les années 1960. 

C'est mignon mais certainement une faute spatio-temporelle qui fait qu'on n'accroche jamais vraiment pendant les longues 109 minutes du film. J'ai du louper un truc car le succès de "In Time" au box-office (149 millions $ de recettes pour 40 millions $ de budget) est là pour me faire mentir et vous inciter à tenter l'expérience...

Note IMDb: 6.5/10 pour près de 65 000 avis !
Tomatometer: 37% (150 avis) - Audience: 52%

Bande annonce :


samedi 18 février 2012

"The River" - L'Amazonie interdite

Critique série

http://admin.purplerevolver.com/admin/article/articleimages/1328975512-image00River.jpg

La série américaine "The River", diffusée sur la chaîne ABC depuis le 7 février 2012, a réussi une entrée remarquable avec ses trois premiers épisodes. Suspense, action, magie, paranormal et faux reportage (à la Cannibal Holocaust) sont au rendez-vous en pleine jungle amazonienne sous l'oeil du maestro Steven Spielberg, dans le fauteuil de producteur exécutif (Amblin). Alors que le très attendu JJ Abrams s'est empétré dans un "Alcatraz" qui tient moyennement la route, la série verte de Michael R. Perry et d'Oren Peli tient beaucoup mieux en haleine et nous en apprend un peu sur les troublants secrets de l'Amazonie.

On est très (trop) vite mis dans l'ambiance avec le pilote (tourné à Puerto Rico, les autres épisodes à Hawaï) en forme de deux épisodes. Ce qui est un peu regrettable, car on aurait aimé une construction des personnages un peu fouillé avant de passer trop vite au paranormal, mais le suspense n'en est pas gâché pour autant. Pour l'instant je ne souscris pas aux critiques qui comparent "The River" à "Paranormal Activity" (du même Oren Peli) car on est, et avec bonheur, plus dans les légendes amazoniennes et la magie (noire, blanche, verte) mais attendons de voir la suite, seuls trois épisodes ont été diffusés.

"The River" a été rendue disponible dès le 8 février via la boutique iTunes anglaise et là c'est la cata de chez cata car ces insupportables Brittons floutent et bipent tous les mots qui commencent par "fuck" et "shit", sans parler des "booyah", ce qui rend parfois la scène plus comique qu'autre chose (cf l'épisode No 3 dans lequel Shaun Parkes, alias le caméraman A. J. Poulain, se transforme en four à micro-ondes gigotant).

On attend impatiemment la fin des seulement huit épisodes de la saison pour savoir ce que les auteurs nous réservent ou s'ils nous la joueront Lost, genre tout le monde est perdu, les scénaristes, les producteurs, les personnages et les spectateurs jusqu'à la dernière minute pendant laquelle on repense à tout le temps qu'on a gaspillé devant cette ânerie. Pour moi, "The River" est la plus belle surprise de 2012 au rayon nouvelles séries, mais un petit peu trop gore pour les esprits sensibles qui sont donc prévenus.

Note IMDb: 6.7/10 (plus de 1200 votes)

La bande annonce est ici (intégration désactivée).

vendredi 10 février 2012

Jean Dujardin fait vibrer Hollywood et Internet

Jean Dujardin est l'acteur français le mieux placé pour gagner un Oscar depuis que la récompense existe. Seules quatre Françaises sont rentrées chez elles avec une statuette et personne pour dénoncer ce scandaleux sexisme hollywoodien : Claudette Colbert (1935, "New York - Miami") et Juliette Binoche (1997, "Le patient anglais") pour un second rôle, Simone Signoret (1960, "Les chemins de la haute ville") et Marion Cotillard (2008, "La Môme") pour l'Oscar de "Meilleure actrice".

"The Artist" est nommé aux 84e Oscars dans 10 catégorie, rien de moins, dont celle de "Meilleur acteur". Non seulement le film de Michel Hazanavicius a déjà enflammé les Golden Globes avec trois récompenses, dont celle du "Meilleur film", mais la cérémonie est généralement considérée comme une répétition générale des Oscars.

Non seulement les portes d'une carrière hollywoodienne semblent déjà toutes ouvertes à Jean Dujardin, mais en plus il a cet accent français dont les Américain(e)s raffolent. Non seulement Jean Dujardin a remporté le Prix d'interprétation à Cannes en 2011 mais il semble aussi faire l'unanimité dans le coeur des Américains depuis son passage au Tonight Show, et désormais même des Geeks (de funnyordie.com) qui lui ont fait jouer tous les rôles de méchants du cinéma hollywoodien :

jeudi 9 février 2012

"Tinker Tailor Soldier Spy" - Plutôt "Le hérisson" que "La taupe"

Critique cinéma

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Je vais sûrement provoquer les huées de la foule en délire, mais voilà enfin un film plus efficace que "Drive" et les benzodiazépines! "La Taupe" en Français est adapté du fameux bouquin du maître incontesté de l'espionnage John LeCarré. Il a participé à la production et à l'écriture des scènes non dialoguées. La deuxième info c'est une boutade. Des longueurs dignes d'un Facebook qui se met à jour, une ambiance à se pendre comme un jour sans Twitter et de superbes acteurs au ralenti sur des airs de berceuse si lourde qu'on en vient à espérer un tube de Rihanna (musique signée Alberto Iglesias, le compositeur préféré de Pedro Almodovar). Pas de bol ! C'est Julio Essuie-glace chantant Charles Trèsniais qui fait les honneurs du générique de fin... Et là si vous ne vous êtes pas pendu c'est que, comme moi, vous avez tout de même adoré le casting (et la photo, il faut le souligner, mais zéro pointé pour les mauvais plans studio fond vert sur la DS dignes d'un film de André Hunebelle).

J'ai certainement dû rater un truc pour faire partie des rares à m'être endormi devant, mais ce n'était pas le plus pénible. Le plus dur a été d'être obligé de le revoir - et il fait plus de deux heures ! - afin de rester cohérent et de chercher ce que j'avais pu louper. C'est triste la vie d'un espion de la Guerre Froide en 1973 mais à ce point là, pourquoi en faire un film ? L'oeuvre (magnifique) de John LeCarré y suffit amplement. A quand un film co-réalisé par Tomas Alfredson et Terrence Malick? J'en piaffe d'impatience. Il y avait le film noir, voici maintenant un nouveau genre : le film gris. Mi-noir et mi-décafféiné, insipide et soporifique. Je préfère nettement les ambiances de Jean-Pierre Melville, décédé justement en 1973 après son dernier film : "Un Flic".

Si tout le talent de Gary Oldman a consisté à travailler son accent British et à bouger aussi peu les lèvres que son corps durant tout le film pour mériter son statut de caméléon hollywoodien, alors voici une recette facile pour tout acteur désirant charmer les producteurs. Je l'ai beaucoup plus apprécié dans d'autres (excellents) rôles que dans celui de George Smiley :( [celui-là de Smiley?]

Comme la taupe n'hiberne pas, contrairement au hérisson, je propose de rebaptiser les vilains espions infiltrés. Non? Bon, je retourne dormir alors.

Je ne comprends donc pas (mais je veux bien qu'on m'explique) :

Note IMdB : 7.3/10 (plus de 31 000 avis !)
Tomatometer : 84%

Je comprends un peu mieux les 68% et la note de 3.5/5 du public de rottentomatoes.com plus proche de la réalité.

La bande annonce très trompeuse (bravo la prod) :

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