dimanche 8 juillet 2012

"Lockout" - C'est Luc Besson qu'il faudrait enfermer...

Après avoir vu "Lockout" sous la torture vous aurez envie de chercher un moyen efficace d'empêcher Luc Besson d'écrire des films. Apparemment il a changé de logiciel, ce n'est plus "une Audi, un taxi, un flingue, une blague débile" qui lui sert de base d'écriture mais "une prison dans l'espace, un flingue, une blague débile": vous remarquerez que le scénario se sera appauvri d'un "terme".

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Avec des acteurs de seconde zone (Guy Pearce en Bruce Willis raté qui fait ce qu'il peut avec le pauvre, pauvre, texte fourni et Maggie Grace en Sharon Stone tout aussi peu crédible) et des effets spéciaux minimalistes - pour ce qu'il est possible de réaliser aujourd'hui avec des ordinateurs - Luc Besson se permet le luxe de limiter le budget du film à 20 millions pour en rapporter 25 en salles, avant la prochaine sortie DVD Blu-ray prévue ce mois-ci, grâce à la puissance de distribution d'Europacorp. Certainement pas grâce l'approbation du public ou de la critique ni grâce à un quelconque intérêt que pourrait présenter "Lockout" (ou "MS One: Maximum Security").
 
Et ça fait peur, quand on pense que Luc Besson est capable de convaincre une vingtaine de députés européens de voter pour ACTA contre l'avis du monde entier... Tout ça pour quoi? Pour que vous  achetiez ses films? Sérieusement, si vous le volez ça donne envie de reprendre le risque d'aller le rendre...

Le pire est qu'Europacorp propose désormais une formation gratuite en son sein pour apprendre à gagner du pognon avec des films qui s'adressent aux débiles et aux retardés de toute origine. Il en faut, certes, mais cela ne fera pas beaucoup avancer le 7e Art.

Série TV: "The Newsroom" - HBO & Sorkin frappent très très fort

Prenez un Jeff Daniels, à la brillante carrière (acteur, réalisateur et scénariste) malheureusement passée par un certain "Dumb & Dumber" et par des rôles très secondaires depuis. Prenez une Emily Mortimer, la Lisette de "Hugo" (Hugo Cabret), la Rachel de "Shutter Island", une actrice elle aussi à la carrière longue comme le bras, qu'on a forcément vue mais qu'on a peine à recadrer où exactement. Prenez Maggie, le personnage joué par Alison Pill, un "nouveau" visage qui a surtout tourné pour des séries ou qui a joué dans des petits rôles ("Midnight in Paris", "Scott Pilgrim vs The World", etc.) et ajoutez au cocktail de base un casting impressionnant de professionnalisme. 

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Cela suffit-il à créer la série parfaite? Bien sûr que non, et pas pour HBO qui a frappé fort avec "The Newsroom". Deux épisodes plus tard, on en est encore tout ébouriffé. Les dialogues sont débités à la mitraillette. Et ce sont de vrais dialogues, intelligents, bourrés d'infos, de répartie, d'humour et d'intelligence. L'écriture est absolument brillante. Les émotions se bousculent à un rythme époustouflant. Le jeu de scène touche au parfait. Les Emmy vont fuser, c'est certain. 

Prenez un pitch tout simple: les déboires d'une rédaction de télévision, News Night sur la chaîne ACN, qui doit se réinventer sous l'impulsion de son directeur de chaîne, alcoolique et ambitieux qui sortirait presque de "Mad Men". De la production au présentateur vedette (le fameux "Anchor man") toute une équipe s'implique et se mêle, entre histoires d'amour et collisions involontaires, de la vie de chaque membre du nouveau navire renfloué en catastrophe. On s'immisce dans les coulisses d'une rédaction de journal de 20H, quitte à ressentir de l'empathie pour des personnages que l'on ne perçoit pas toujours du meilleur oeil (producteur arrogant, présentateur surpayé, journalistes accrocs aux dépêches, etc.). Et ça marche, ça fonctionne formidablement bien après deux épisodes. Même la Miss météo (nan, je déconne) jouée par Olivia Munn avec son diplôme d'économiste s'exprime en une seule scène sur plusieurs niveaux d'émotions.

Absolument aucune critique négative à apporter à cette excellente surprise signée Aaron Sorkin, l'auteur du scénario de "The Social Network", qui était attendu au tournant. Chapeau monsieur, vous aviez réussi à nous rendre Facebook (et Zuckerberg) presque sympathique et vous nous avez désormais concocté un cocktail tout aussi délicieux avec tous les poisons imbuvables d'une rédaction télé... On touche au génie, c'est de la cuisine moléculaire. Sans oublier qu'une excellente série (comme "Girls", "Weeds" ou "Breaking Bad") sait aussi placer une excellente bande son au bon moment et là on n'est pas déçu non plus.

Le pitch tiendra-t-il le rythme de plusieurs épisodes/saisons? J'espère que de belles surprises viendront encore secouer le public déjà conquis de cette nouvelle série qui va faire couler beaucoup d'encre. Sur IMDb le score monte, aujourd'hui déjà à 8.8/10, soit en gros le score de "Community" ou de "Boardwalk Empire" en 2010, mais encore à quelques encablures de "Game of Thrones", le chef d'oeuvre indiscutable de 2011. "The Newsroom" se mange pour l'instant sans partage le gâteau de meilleure série de l'année, en attendant le retour de "Breaking Bad" le 15 juillet et de la saison finale (8) de "Weeds". A déguster et à redéguster sans honte.

Bande annonce:

"Shame" - Un trou est un trou...

http://www.esseclive.com/partage/articles/cinema/Shame.jpgSteve McQueen est le chouchou de Sa Majesté depuis la réalisation du film "Hunger" sur la révolte de prisonniers de l'IRA dans les années 80. "Shame" est sorti en 2011 et met en scène un personnage pathétique, Brandon, joué par le beau Michael Fassbender. L'ambiance du film est très 2011 si l'on s'en réfère à "Drive" par exemple. Les amateurs (ou -teuses plutôt) de Ryan Gosling devraient d'ailleurs mouiller leur culotte avec un Michael Fassbender entièrement nu sur lequel le réalisateur n'hésite pas à s'attarder jusqu'à l'overdose. Non, je n'oublie pas les gays.

L'histoire, banale, est celle d'un anti-héros new-yorkais incapabe d'aimer, ni une femme, ni un homme, ni même sa propre soeur ou un chat. Par contre, il adore baiser. Ou plutôt, il en est malade (d'où le "un trou est un trou"). Et il adore surtout sa bite qu'on voit bien à l'écran. Voilà en gros le film résumé au scénario très pauvre, co-signé par McQueen, mais dont il faut saluer les prestations de ses acteurs. Désolé d'avoir été un peu cru, mais le film l'est encore plus, vous serez prévenus. Et si New York vous faisait rêver, désolé encore... C'est un trou! Je ne rejoindrai pas le troupeau de critiques qui ont salué le film de toutes leurs plumes dans une cacophonie à l'unisson (désolé).

On ne capte pas bien le message du film qui explore en surface l'hyper-sexualité de Brandon sans que personne ne semble véritablement s'en soucier parmi les personnages (encore un exemple de personnages secondaires mal construits qui supportent péniblement le zéro, enfin, le héros). Quant à Brandon, il y a longtemps qu'il a laissé tomber et qu'il ne cherche pas à comprendre. C'est donc un film qui laisse sur sa faim même si l'intention pouvait paraître intéressante au départ. Un peu moins de sexe et un peu plus de profondeur psychologique ne lui aurait pas fait de mal. Bref, si vous souhaitez vous plonger dans 101 minutes d'une triste réalité vraiment très (trop) proche de ce que vit votre collègue de bureau, vous allez adorer au moins autant que le public qui a très bien accueilli le film et pourtant on ne voit pas une seule capote (comme quoi, on lui pardonne tout à Brandon).

J'ai finalement tout compris, grâce à ce film, au cinéma à succès d'aujourd'hui. Pour plaîre à la critique, et au public, il faut une histoire sans intérêt (interviewer un collègue de bureau sur sa misère intellectuelle devrait suffire), des dialogues très pauvres, mais un acteur ultra canon complètement nu, bien s'attarder sur son truc qui pendouille et sa plastique parfaite, refaire le même plan mais en plus long, faire en sorte qu'il aime TOUT se taper (on a eu peur pour le mouton à un moment donné) la bisexualité étant très importante et comme il est trop beau tout lui est pardonné (bis); ouvrir le film sur une scène insupportablement longue et complètement inutile, rajouter encore des longueurs insupportables en faisant réinterpréter un classique de chez classique mais à vitesse -2.5x pour pas que ça se voit trop qu'on pourrait à la limite se passer du scénario; penser à un autre plan super long et tout aussi inutile du mec qui court parce que c'est beau comme il court (un traveling de 2 km aujourd'hui ça ne coûte rien en pellicule); pour les effets spéciaux, ne pas s'emmerder, quelques voyages dans le métro et deux poches d'hémoglobine ça le fera, et enfin regarder "Drive" encore et encore pour bien apprendre à faire un film chiant qui plaît aux critiques et qui ne coûte pas trop cher (6,5 millions $ quand même) mais qui sera sûr de rapporter (l'empathie fonctionne toujours avec deux mots simples: sexe et boulot). Quand Virginie Despente s'y essayait en 1993 avec "Baise-moi" la critique n'était pas préparée. Elle semble mûre aujourd'hui. Bon film.

Note IMDb: 7.5/10 (près de 40 000 utilisateurs)

Tomatometer: 80% (Audience 76%)

Note Allociné: 4.0/5 (presse) 3.4/5 (spectateurs)

Bande (mouarf) annonce:

"Wanderlust" - Produit par Judd Apatow et tout est dit...

Le terme "Wanderlust" désigne une soif de voyage, une envie d'explorer le monde. Comme d'autres apports de la langue germanique, tel que "Zeitgeist" par exemple, il a été intégré dans la langue anglaise au siècle dernier. C'est aussi une chanson de Björk la dernière production en salles de Judd Apatow. 


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Pour les fans, ce monsieur a déjà produit, entre autres, Pineapple Express*, Knocked up* ou encore Badass* (je vous passe les titres français, qui me font terriblement honte). Il est assez rare qu'un producteur se hisse au rang de légende vivante dans le monde du cinéma, où l'image de ce travailleur forcené sans qui rien n'arrive subit, fort justement, le jugement permanent de la profession ET du public pour sa soif d'argent, de bénéfices et ce quelque soit le résultat à l'écran pourvu que ça rapporte. 

Judd Apatow réussit le tour de force d'être adulé en tant que producteur pas toujours intéressé aux $, surtout depuis le coup réussi de la récente série "Girls", qui nous plonge avec bonheur depuis 9 épisodes dans le quotidien amoureux de quelques filles d'aujourd'hui. Mais revenons à "Wanderlust", une comédie légère avec Jennifer Aniston et Paul Rudd, deux valeurs sûres (on dit "bankable") du cinéma hollywoodien actuel. Sorti en février dernier aux USA, et le 30 mai dernier en France sous le titre complètement débile "Peace, love et plus si affinités", le film a été réalisé par David Wain, totalement inconnu chez nous, grand dispenseur de séries télé, dont récemment "Childrens Hospital". 

Je soupçonne les très mauvais doublages et le titre honteusement adapté d'avoir pourri le film en francophonie car en v.o.  il reste un très bon divertissement digne d'une production Apatow. Anti-pudibonderie, fumette et la vie facile vue autrement font le beurre de cet acte léger et sans prétention de la vie d'une communauté de hippies modernes qui ne veulent pas être catégorisés ainsi et qui sont d'ailleurs tout à fait capables d'intégrer le système capitaliste comme le dénouement le laissera découvrir aux spectateurs. L'un des dialogues* du film est ainsi parfaitement représentatif de note société: "je vous aime tous mais je m'aime plus encore". On reconnaît bien l'oeil sarcastique et très subtil de Judd Apatow, ainsi qu'une bande son très soignée.

Par contre, le film ayant coûté 35 millions et rapporté seulement la moitié, on peut se demander si le choix de stars hors de prix était judicieux pour ce simple petit moment de détente, alors que le producteur est passé maître dans l'art de lancer des talents inconnus (et nettement moins chers) dans la jungle d'Hollywood.
Vous serez probablement peu nombreux à accrocher ce film, parce que demain vous devrez vous rendre, à une heure qui vous emmerde, dans un boulot qui vous fait chier, pour un salaire qui vous gave, mais vous n'avez pas le choix, parce qu'il faut bien payer votre forfait de box et d'iPhone, vos impôts et les petits rêves de votre conquête. Et c'est tout ce qu'on aime avec Judd Apatow, qui nous offre le plaisir de voir des films que personne d'autre ne voudrait produire, à cause de vous, public. ;-p

Bref j'ai beaucoup aimé, mais il faut le voir en v.o. et apprenez l'anglais rien que pour apprécier les productions de Judd Apatow comme certains ont appris la langue pour aimer Woody Allen, c'est une cullture, un univers, et les doublages sont une déception permanente. Je ne vais pas vous raconter ma vie mais je suis devenu bilingue par amour pour les chansons d'Abba, donc tout est possible...

Sortie DVD: 19 juin 2012.

*culte

Note IMDb: 5.9/10

Tomatometer: 59% (audience: 51%)

Scores Allociné: 2.0/5 (presse) et 2,3/5 (public) pour 65 votes seulement.

Bande annonce:

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