Critique de film
"John Carter" aura coûté 350 millions de dollars à Disney qui s'attend à des pertes de l'ordre de 200 millions. A l'heure où presque toutes les maisons de production cherchent à faire comprendre aux jeunes scénaristes et à tous ceux qui voudraient faire du cinéma que, oui, vous savez, on ne se lance pas dans des projets sans être sûrs des retombées, l'argent ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, blablabla, il y a de quoi se poser des questions sur les formidables stratégies des décideurs et leurs excellents conseils...
En France le phénomène est similaire. Prenons par exemple "La mer à boire", à une autre échelle que "John Carter" toutefois, un film qui a coûté 7 millions € pour totaliser à peine plus de 80'000 entrées... Les critiques sur les attrbutions des récompenses (Oscars, Césars, etc.) n'ont jamais été aussi vives et pourtant le cinéma se porte plutôt bien. En France les salles n'ont jamais été aussi fréquentées et Hollywood dévore 65'000 projets de films par année.
Alors que se passe-t-il dans la tête des pontes du 7e Art quand ils décident de peindre au pistolet à crépi les murs de leur empire? "John Carter" était à sa sortie, dans la bouche de presque tous les critiques de cinéma, le film à ne pas faire et le piège idéal dans lequel serait tombé Disney. Au niveau des chiffres certes, mais est-ce un si mauvais film?
Honnêtement oui et non. C'est du grand spectacle au scénario ultra convenu avec méga over-dose d'effets spéciaux. La ligne héroïque du personnage naïf qui tombe amoureux de la princesse mais va en prison et terrasse le boss dans l'arène avec ses super pouvoirs, plus personne n'en veut depuis les trois premiers derniers premiers épisodes de la saga Star Wars. Pourtant les studios continuent à vouloir prendre les spectateurs pour des abrutis décérébrés capables d'avaler n'importe quoi tant que ça pétarade dans tous les sens. Résultat: une facture salée, tout simplement la plus grosse perte de l'histoire de Hollywood, quand même (on dit "Epic Fail"). "John Carter" se laisse voir, la réalisation d'Andrew Stanton ne faute pas, même si le film est un peu longuet, mais Taylor Kitsch est aussi fade que son nom (pas autant que Daniel Radcliffe tout de même) et Chuck Norris reste indétrônable. Il semble moins casse-gueule de diriger Nemo et Wall-E. Cet acteur n'est pas mauvais, presque attachant, mais embarqué dans un scénario terriblement pauvre et kitch dans lequel aucun personnage secondaire ne vient efficacement à sa rescousse. C'est du même niveau que le remake de Connard le Barbant, en gros, avec du Jar Jar Binks dedans.
L'oeuvre grandiloquente d'Edgar Rice Burroughs méritait plus de respect, plus de risque et surtout plus de dérisoire. C'est fatiguant quand les studios se prennent trop au sérieux sur des sujets qui ne le sont pas de toute évidence et qui pourraient être traités autrement, avec un peu de matière grise par exemple, en laissant un peu de place à l'imaginaire. Je suis sûr que Disney aurait pu trouver à la place 10 projets de films à 35 millions qui auraient bien mieux satisfait le public, assuré des rentrées et fait bosser du monde.
Sortie française: 7 mars 2012.
Note IMDb: 7.1/10 (plus de 21'000 votes)
Note AlloCiné: 3.5/10 (plus de 2'200 avis)
La bande annonce en français:
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